Les cris et applaudissements retentissaient. Le mot victoire était hurlé par d’innombrables voix comme après un but dans le goal de l’adversaire. Quolibets et moqueries étaient lancés contre la droite, les socio-démocrates dévoyés et les verts égarés. Et je n’étais pas à l’aise. Des dizaines de milliers d’électeurs venaient de nous confier une mission et la tâche, qui ne fait que commencer, sera rude. Ce n’est pas une victoire, c’est une étape.
Ils seront des millions à observer, de toute l’Europe, comment un petit parti communiste fera pour changer le cours des choses. Comment ce petit bout d’espoir taillera, pièce par pièce, un nouveau visage à l’horreur qui nous entoure, ou se fera ratatiner et écraser sous les assauts hargneux de ceux qui gardent encore l’essentiel des pouvoirs de nuire.
Pour la première fois depuis longtemps, des voix révolutionnaires se feront entendre dans des parlements. Pour la première fois depuis longtemps, ce n’est pas que l’extrême droite qui fera parler d’elle et profitera encore de la peur qu’elle instille pour miner et détruire les fondements de la solidarité. D’autres voix se feront entendre, inlassablement, pour défendre l’humain et rendre confiance à ceux qui veulent un autre monde.
Ce sera un travail de tous les jours. Requérant courage, imagination et détermination. S’il y a victoire un jour, ce ne sera que dans longtemps, après un long chemin qui débute peut-être aujourd’hui.
Gérard DE SELYS, membre du PTB